13.06.2019 - 11.07.2019
Une chance que dans le ciel compliqué ne me viennent en aide les séraphins.
Je me promenais avec l'idée d'avoir échappé à un indicible danger. Devant moi défilait le paysage mou des rondeurs urbaines - pleines, vives, maternantes comme un lait trop vite tiré. La pierre utérine enchantait mes sens, alertés déjà par une sensation de liberté nouvellement acquise. Je planais. L'heure du lever blanc des demoiselles approchait. L'air lui-même embaumait du riche parfum des résurrections. De la myrrhe, sûrement, pensais-je malgré moi. Comme tout est beau ! Comme tout scintille ! Décidément, ce matin mes pensées
ont l'éclat de l'or et la puissance de la foudre. Les tracasseries du quotidien ne sauraient rompre le charme d'une réalité mise à nu. Déculottée et fessée et comblée, la réalité ! Qu'il en soit ainsi. Légèrement saoule, spermaceti en gorge, je repris ma route ragaillardie. Parlai aux oiseaux :
Mocha Dick est maître à moi / Mocha Dick aime être à moi. Melon plein, tête en bas, il songe à la destinée des humains. Il est mon toutou, il est mon totem, Mocha Dick c'est ma baleine - admirez les traînées blanches qu'il laisse sur sa route : ma voûte plantaire en est ce matin tout ensemencée.
Charlotte... lotte, petite tête de linotte
Charlotte aime qu'on lui fouraille la glotte.
Charlotte... lotte, petite tête de linotte
Charlotte jouit quand on caresse sa motte.
Tourne et vois -
Toi et moi.
Toise mais voue-
Toi à moi.
"Baleine blanche", texte de Yoko Lacour.

Rocca di Papa, Leslie Auguste, 2019. Pastel et gouache sur papier 29.7 x 42 cm