
Fig. 1 : Couple, 1964, huile sur toile, 80 x 80 cm
Alain Margaron
est heureux de vous inviter au vernissage de notre prochaine exposition
Michel Macréau
Seul dans les années 60

Fig. 2 : Portrait, 1965, huile sur toile, 73 x 50 cm

Fig. 3 : Couple, 1964, huile sur toile, 55 x 46 cm
Le jeudi 12 septembre 2019 de 18h à 22h
Exposition jusqu'au 26/10/2019
du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h30 à 19h30
Du 12 septembre au 26 octobre 2019, nous consacrons notre nouvel accrochage à Michel Macréau. Nous avons sélectionné pour cette exposition une quarantaine de peintures et des dessins de la période majeure de l'artiste, les années 60, celle sur laquelle nous nous sommes engagés depuis plus de 25 ans.

Fig. 4 : Sans titre, 1962, huile sur toile, 144 x 113 cm
Après un succès fulgurant de 1961 à 1963 - exposition à la galerie Raymond Cordier, achats par des collectionneurs prestigieux comme les Pompidou qui l'exposeront plus tard à l'Elysée - Michel Macréau s'est retrouvé seul, désemparé quand son marchand a fermé la galerie pour faire le tour du monde.
Roi déchu, incompris, il continuera son combat avec rage tout au long des années 60 :
- combat pour innover, ouvrir des voies nouvelles comme Picasso lui en avait révélé la nécessité;
- combat pour concilier rapidité d'exécution et composition rigoureuse. Félin, doté d'une énergie exceptionnelle alors, Michel Macréau bondissait autour des toiles ou des papiers posés à terre pour que l'absence de recul laisse toute sa place au hasard et à la spontanéité;
- combat pour faire cohabiter les formes parfois chaotiques, voire schizophréniques, parfois éclairantes et prémonitoires, surgies de son inconscient, et les choses vues, observées qu'il aimait (scènes de famille, villages avec leurs arbres et leurs chapelles...) ou qui rejoignaient ses angoisses ( prothèses, mutilations...). Dans La femme dans l'antichambre (fig. 7) de 1962 et dans Couple (fig. 1) de 1964, l'écho des horreurs de la guerre donne forme à l'informe, à un chaos intérieur inquiétant. Des estropiés fortement amochés s'accrochent à leur couple. Dans Chateaufort (fig. 5), des prothèses transforment des adultes en automates ou rendent inquiétant un chat.

Fig. 5 : Chateaufort, 1963, huile sur drap, 185 x 130 cm

Fig. 6 : Sans titre, 1960, huile sur drap, 100 x 68 cm
Pour le soutenir, ses amis peintres ont voulu qu'il participe à l'exposition « La Figuration narrative dans l'art contemporain », organisée par Gérard Gassiot-Talabot en 1965. Au lieu de l'aider, cette initiative a renforcé son isolement. Macréau s'est senti encore plus seul, se demandant si son oeuvre avait un sens. Il passera l'essentiel des années 70 dans une maison de repos et de soins psychiatriques.
Ses interrogations n'avaient pas d'enjeux politiques immédiats, même s'il interrogeait sans tabous aussi bien notre identité (quel es-tu?), notre sexualité et ce qui deviendra la théorie des genres (il est très difficile d'identifier dans ses couples qui est l'homme et qui est la femme), les liens du mariage...
L'oeuvre de Macréau a sans doute une dimension politique et souterraine, mais son questionnement est surtout existentiel et elle reste énigmatique.
Il a fallu de nombreuses décennies pour comprendre que son oeuvre s'inscrivait dans l'histoire tout court et dans l'histoire de l'art en particulier, entre un avant, Picasso mais aussi Antonin Artaud et un après, la génération des A.R. Penck, Jean-Michel Basquiat, Combas arrivée vingt ans plus tard. La liberté et la fluidité des formes, par exemple dans La femme dans l'antichambre (fig. 7), annonce la figuration libre des années 80.

Fig. 7 : La femme dans l'antichambre, 1962, huile sur toile, 160 x 115 cm
« Je trouve que le rapport avec Basquiat est évident » explique Combas. « Certains tableaux sont très proches, mais les gens ne veulent pas le voir. Dans le passé, je me suis amusé à faire passer des détails de ses oeuvres - comme certaines têtes - pour du Basquiat, et ça fonctionnait. »
Nous avons sélectionné pour cette exposition des peintures et des dessins de la période majeure de l'artiste, les années 60, et quelques oeuvres ultérieures où Macréau retrouve poésie, puissance et lucidité.
A.M.

Fig. 8 : Couple, 1965, dessin à l'encre de Chine sur papier, 27.5 x 44.5 cm